Un international italien abattu dans une bijouterie à la suite d’une mauvaise blague

 

Comment distinguer une bonne et une mauvaise blague ? Parfois, la frontière est simplement marquée par le public à qui cette blague est adressée. Alors, quand un bijoutier ayant subi plusieurs agressions se retrouve devant un inconnu lui déclamant « haut les mains, ceci est un hold-up », la blague vire au drame.

Nous sommes en 1977 et l’Italie vit ce que l’on appelle « les années de plomb. » La société italienne est en crise et les extrêmes sèment la panique à travers de nombreux attentats et violences urbaines. Le pays est régulièrement plongé dans le chaos et la population subit le terrorisme, les assassinats et même une tentative de coup d’état.

Dans le même temps, l’une des rares distractions demeure le football. Ce sport est élevé au rang de religion en Italie et chaque week-end, la Serie A permet de s’évader de cette ambiance très lourde.

En 1974, la Lazio est sacrée championne d’Italie. Le club romain remporte son premier scudetto avec à sa tête le stratège Tommaso Maestrelli. C’est une véritable surprise car le club ne possède pas les meilleurs joueurs. Certains d’entre eux se haïssent même totalement, n’hésitent pas à se battre et affichent des loisirs très particuliers.

Lors des mises au vert, plusieurs joueurs de la Lazio jouent du pistolet. Quand il est fatigué, le défenseur Sergio Petrelli utilise même son revolver pour tirer sur la lampe, plutôt que de se relever pour éteindre la lumière. A cette époque, et en raison du contexte en Italie, de la peur du terrorisme ou des enlèvements, il n’est pas rare de croiser des personnalités armées.

Dans cette équipe, Luciano Re Cecconi est un vrai combattant. Le milieu de terrain italien porte son équipe et déploie une énergie spectaculaire sur le terrain, devenant l’un des chouchous des tifosi biancocelesti. Sélectionné à deux reprises avec l’Italie en 1974, il va disparaître trois ans plus tard dans une soirée dramatique où une simple blague finit par lui coûter la vie.

Après un dîner en ville, Luciano Re Cecconi et Pietro Ghedin se laissent convaincre par un ami commun - un commerçant qui tient une boutique de parfum- et rendent visite à un bijoutier. Arrivés dans la boutique, Re Cecconi décide de faire une blague au patron, Bruno Tabochini. Il met sa main dans son imperméable et se sert de ses doigts pour imiter un revolver caché dans sa poche.

« Haut les mains, ceci est un hold-up ! »

Cette phrase est un arrêt de mort. Le bijoutier dégaine son revolver. Il n’a pas reconnu Re Cecconi et il n’a pas envie de rire après plusieurs tentatives de vol. Il abat le joueur d’une balle en pleine poitrine. Re Cecconi s’effondre en murmurant « c’était une blague, ce n’était qu’une blague ».

Arrêté dans la foulée, le bijoutier échappe finalement à une quelconque peine, son acte étant reconnu au titre de la légitime défense. Ou comment une stupide blague effectuée à la mauvaise personne a débouché sur une mort tragique et a plongé le football italien dans la désolation.

77c35c4a-10d7-449b-a693-9c9474f7936b

Retour aux articles

Laisser un commentaire

Veuillez noter que les commentaires sont modérés avant d'être publiés.